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Présentation du pnd

Créé en 1991, le Parc National du Diawling (PND) est situé dans le bas-delta du fleuve Sénégal en rive droite et couvre une superficie centrale de plus de 16 000 ha et une zone périphérique de plus de 56 000 ha. Le Parc fait partie de la wilaya (région) du Trarza et de la Moughataa (département) de Keur Macène. Il se déploie sur le territoire de la commune de N’Diago.

Le bas-delta du fleuve Sénégal, un espace riche mais menacé

Le PND voit le jour en 1991 dans un contexte de pressions environnementales fortes, compte tenu des conséquences des aménagements hydrauliques (barrages de Diama en 1985, Manantali en 1986 et annexes) sur le fleuve Sénégal, conjugués aux effets pervers des sécheresses des années 70 et 80. La destruction des habitats, la disparition de la biodiversité et l’exode rural étaient les conséquences directes de perturbation de cet écosystème deltaïque.

C’est aujourd’hui un site protégé exceptionnel où la conservation de l’incroyable diversité de paysages, d’écosystèmes et d’espèces végétales et animales est en harmonie avec le développement local et la lutte contre la pauvreté des populations de la zone.

Bassins du Diawling vus du ciel

Le statut du PND

Créé par décret N°91-005 en 1991, le Parc National du Diawling est un Établissement Public à Caractère Administratif (PEA), placé sous tutelle du ministère de l’Environnement et du Développement Durable en Mauritanie.

Classé zone Ramsar depuis 1994, c’est le système de zones humides le plus important d’Afrique de l’Ouest. Il est aussi reconnu depuis 2005 comme noyau de la Réserve de Biosphère Transfrontière du bas-delta du fleuve Sénégal (RBTDS), érigée dans le cadre du programme Man & Biosphere (MAB) de l’UNESCO. Son rôle dans la lutte contre la faim a été attesté par la FAO en 2005 (médaille de reconnaissance). Enfin, en 2012, l’UICN reconnait le PND comme un exemple inédit de restauration écologique parmi les aires protégées.

Le Parc National du Diawling, vecteur d’une restauration inédite des écosystèmes et de la biodiversité

Dans ce contexte, et ce depuis sa création, le PND est chargé de trois missions principales et complémentaires, à savoir : 

1.

La gestion hydrologique du bas-delta du fleuve Sénégal, avec un système artificiel de crue-décrue qui reproduit les conditions hydrologiques pré-barrage

2.

La restauration et conservation des valeurs écologiques, des écosystèmes et de la biodiversité

3.

Le développement harmonieux et permanent des activités socio-économiques traditionnelles, génératrices de revenus compatibles avec la conservation des ressources naturelles (logique de développement durable)

La mise en place d’un système hydraulique inédit au service de la biodiversité et des communautés locales

Pour compenser ces impacts négatifs, et grâce au savoir traditionnel local, le parc régule, depuis 1994, l’inondation des plaines au moyen d’un système hydraulique performant constitué de vannes et d’ouvrages. Les eaux du fleuve qui transitent par les bassins du parc alimentent un estuaire de plusieurs milliers d’hectares, unique en Mauritanie.

L’ouverture et la fermeture des ouvrages gouvernent l’alternance de crues et de décrues (période humide de juillet à mars et période plus sèche d’avril à juillet). La gestion hydrologique a permis de reproduire artificiellement le fonctionnement de l’estuaire du bas-delta, et ainsi de restaurer et conserver la richesse des écosystèmes qui dépend des variations hydrologiques saisonnières. Ce scénario hydrologique mis en œuvre chaque année selon le plan d’inondation annuel constitue la condition sine qua none de restauration écologique des services directs et indirects de l’écosystème.

En plus de fournir des services écosystémiques, les installations, et plus particulièrement les digues, ont aussi permis le désenclavement de la zone.

Ouvrage de Lemer vu du ciel

Quels sont les résultats les plus visibles ?

Ces trente dernières années, le PND a acquis une véritable maturité, qui s’est concrétisée par des succès probants en matière de restauration écologique des fonctions des écosystèmes du bas-delta et du retour de la biodiversité. Aujourd’hui, le PND se démarque à la fois par sa riche biodiversité, et à la fois par une productivité biologique élevée (aussi bien halieutique, d’élevage, maraîchère qu’artisanale, à partir de produits non ligneux).

Selon le niveau d’inondation des bassins, la végétation s’étend, les ressources naturelles se régénèrent et offrent au visiteur un spectacle constamment renouvelé. Ce sont plus de 369 espèces d’oiseaux, 65 espèces de poissons, 39 de mammifères, 17 de lézards, 15 de serpents, 5 d’amphibiens, et même 3 de tortues et 1 de crocodile qui résident au sein du PND (dénombrement non exhaustif).

Retour spectaculaire des oiseaux migrateurs

Retour spectaculaire des oiseaux migrateurs

En 1993, on répertoriait 10 individus sur 3 espèces d’oiseaux d’eau seulement. Au total, en cumulant oiseaux d’eau et terrestres, et/ou migrateurs et résidents, ce sont plus de 369 espèces d’oiseaux qui trouvent aujourd’hui refuge au PND – dont 18 ayant des statuts de protection (en voie de disparition, menacé, critique – Red List UICN). Cette extraordinaire reconquête de la biodiversité a fait du Parc et de sa zone périphérique un site d’importance internationale pour les oiseaux d’eau valant au PND d’être inscrit depuis 1994 comme site Ramsar.

Restauration de la végétation caractéristique du bas-delta

Restauration de la végétation caractéristique du bas-delta

Restauration de la végétation caractéristique du bas delta, favorisant notamment la cueillette, avec le Sporobolus robustus utilisé pour la fabrication artisanale des nattes ; l’Acacia nilotica utilisé dans le tannage des peaux ; l’Echinochloa colonna qui constitue un pâturage de qualité ; ou encore le nénuphar Nymphea lotus utilisé pour cuisiner le couscous local très prisé, riche en fibres et avec une faible teneur en sucres.

Reproduction des poissons & développement du potentiel halieutique

Reproduction des poissons & développement du potentiel halieutique

Création de conditions favorables à la reproduction et à la croissance des poissons dulçaquicoles et estuariens. Les captures des pêcheurs sont en nette progression depuis la mise en eau des différents bassins du Parc et sont estimées à plus de 500 tonnes pendant la période active de pêche (Novembre à Mars), permettant la création d’emplois verts au profit de plus de 107 pêcheurs et 30 femmes mareyeuses. La majorité du poisson séché produit, appelé communément Guedj, est exportée vers les centres urbains nationaux (Nouakchott, Rosso) et étrangers.

Régénération des mangroves

Régénération des mangroves

Cette forêt de mangroves de plus 561 ha, inondée en permanence, fournit des services écologiques et économiques considérables : lutte contre l’érosion, dépôt sédimentaire, protection contre les aléas climatiques, nurserie des espèces de poissons et de cétacés… 169 617 tonnes de carbone sont ainsi stockées par les deux espèces de mangroves du Parc : Rhizophora racemosa et Avicennia germinans.

Tous ces éléments font du PND un site modèle pour la conservation et la restauration de l’environnement en Afrique de l’Ouest.

De nouveaux défis

Par leur contribution au bien-être humain et au développement économique, les aires protégées en Afrique, comme le PND, sont des éléments importants, mais souvent sous-estimés, du capital naturel. En effet, ces ressources contribuent indéniablement à la croissance économique ainsi qu’à la résilience aux effets du changement climatique, et elles fournissent des moyens de subsistance à une population fortement dépendante de leur productivité.

Néanmoins, ces zones sont confrontées à des menaces croissantes : les ambitions de développement à court-terme entraînent souvent des conflits entre l’Homme et la nature. L’importance socio-économique de ces aires protégées n’est souvent pas suffisamment prise en compte, si bien que leur valeur ne devient souvent tangible qu’après leur destruction.

Ouvrage de Cheyal
Port de N'Diago - © BACoMaB, 2021

Des activités anthropiques qui fragilisent ce joyau de biodiversité

Aujourd’hui encore, les activités humaines d’utilisation des ressources biologiques, la modification de l’hydrologie et des pratiques de gestion de l’eau, les aménagements agricoles (chenal de 50km d’irrigation de 16000ha), la construction du port multifonction de N’Diago et l’installation d’une ville qui lui sera associée, l’exploitation du gaz GTA (Grand-Tortue – Ahmeyim par BP), le changement climatique, la pollution, le désenclavement et autres infrastructures, ou encore les espèces envahissantes sont d’autant de facteurs qui fragilisent ce joyau de biodiversité que représente le PND.

Toutes ces menaces légitiment encore aujourd’hui le rôle du PND dans la région du bas-delta, et rendent toujours nécessaires ses actions de conservation et de protection du capital naturel dans la zone.