Les écosystèmes du PND

La singularité de ces paysages et la diversité biologique exceptionnelle abritées par le Parc National du Diawling sont intimement liées aux différents écosystèmes marins, côtiers, terrestres et estuariens qui s’y déploient.

L’unité écologique représentée par la zone périphérique du PND se présente en tant que milieu estuarien : une jonction entre désert, l’océan et le fleuve avec une mosaïque de paysages abritant différents écosystèmes portés par une grande diversité d’habitats écologiques (Sites d’Intérêt Écologique et Biologique). En plus de la connexion avec la mer, on y trouve des estuaires, des îles, des écosystèmes de mangroves, 8 bassins naturels (Aftout, Chat Boul, Ndiader, Diawling-Tichilitt, Bell, Gambar, Ntiallakh et Gueylebou), 3 massifs dunaires, des plaines inondables et le fleuve Sénégal.

La répartition géographique de ces écosystèmes est étroitement liée aux actions de restauration écologique et aux conditions hydrologiques. Elle est en effet le reflet des cycles d’inondations et des marées qui ont cours dans cette région.

La plaine inondable

Dans la plaine inondable, plusieurs écosystèmes peuvent être distingués : les cuvettes inondables, les lacs et les dunes intérieures.

Les cuvettes inondables

Ces cuvettes sont caractérisées par une steppe à halophytes (végétation ayant une tolérance avérée au sel), qui varie en fonction des conditions de mise en eau des cuvettes.

Les nebkas des parties hautes correspondent aux zones sableuses et sablo-limoneuses de Bell, du Diawling/Tichilitt, du Chat Tboul et de l’Aftout. Elles fixent Salsola baryma, Sporobolus spicatus et Arthrocnemum glaucum.

Les parties basses correspondent aux zones argileuses et argilo-limoneuses des bassins Bell, Diawling/Tichilitt, N’Tiallakh), des lacs (N’Tok et N’Ter), du Chat Tboul et de l’Aftout. Elles sont occupées par une steppe de Tamarix senegalensis et de Sporobolus robustus.

Les fonds des cuvettes sont dépourvus de végétation.

Deux grands cormorans en bataille

L'avifaune des plaines inondables

On trouve dans ces plaines inondables le site de nidification du Tichilitt qui accueille au minimum 6 espèces d’oiseaux ; des groupes de grues couronnées sont observés régulièrement dans cette zone.

Les petits lacs formés au niveau des ouvrages hydrauliques représentent une zone de gagnage importante pour les oiseaux d’eau, comme le pélican blanc, le héron cendré, le crabier chevelu, le grand cormoran, le cormoran africain, l’ibis falcinelle, les sternes et les mouettes.

Une forte colonie de barge à queue noire, classée quasi-menacée, fréquente la partie douce à saumâtre du bassin de Bell (groupe de 2 000 individus observé lors de l’entrée en hivernage en septembre 2016).

Les lacs

Le lac de N’Ter, d’une surface de 174 ha, accueille une forte population de crevettes, exploitées à la fois par les pêcheurs et les flamants. On trouve également 14 espèces de limicoles dans les vasières entourant le lac, dont les Bécasseaux corcoli et Bécasseaux maubèche, tous deux classés quasi-menacés dans la liste de rouge de l’IUCN.

Le lac de N’Tock (84 ha) quant à lui est alimenté par le bassin du Diawling et par le bassin du N’Tiallakh. Moins fréquenté par les pêcheurs de crevettes, il est une zone importante d’alimentation pour les flamants qui y trouve la ressource de crevette nécessaire.

Lac de N'Ter

Les dunes intérieures

Les dunes intérieures sont caractérisées par une steppe à Acacia raddiana, Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Euphorbia balsamifera. Le couvert herbacé est composé de Chloris prieurii, Zygophyllum simplex et Schoenefeldia gracilis. Des baobabs (Adansonia digitata) occupent parfois des dépressions interdunaires. Elles abritent également une végétation à l’état de relique composée de Sclerocarya birrea, Combretum glutinosum, Mitragyna inermis, Crateva religiosa, etc. Acacia nilotica y est présent mais souffre par endroit de la remontée de la nappe salée.

Pendant la saison des pluies, une végétation herbacée dominée par Cenchrus biflorus associée à d’autres graminées et légumineuses pousse sur la dune et offre d’excellents pâturages terrestres aux animaux domestiques. Cette dune, à l’instar de toutes les autres formations dunaires de la zone, constitue un lieu de refuge des mammifères terrestres pendant l’hivernage lorsque toutes les plaines sont inondées.

Euphorbia balsamifera
Acacia raddiana sur les dunes intérieures

La dune de Birette longe, à l’est, la retenue de Diama et constitue de ce fait une zone à vocation agricole. Elle est moins habitée que les autres dunes en raison de la proximité du bassin du Gambar, refuge de moustiques. Salvadora persica offre sur cette dune un excellent habitat aux phacochères qui y sont très nombreux surtout en période d’hivernage.

La dune de Ziré est remarquable et très dense du point de vue de sa couverture végétale. Elle constitue une réserve fourragère très appréciée par le bétail notamment les petits ruminants des communautés résidentes, mais aussi par les camelins de la zone à cause de la présence d’Acacia raddiana. Acacia tortilis constitue sur cette dune un peuplement homogène fixant et protégeant les sols contre l’érosion éolienne.

La saison des pluies sur les dunes intérieures

Pendant la saison des pluies, une végétation herbacée dominée par Cenchrus biflorus associée à d’autres graminées et légumineuses pousse sur la dune et offre d’excellents pâturages terrestres aux animaux domestiques. Cette dune, à l’instar de toutes les autres formations dunaires de la zone, constitue un lieu de refuge des mammifères terrestres pendant l’hivernage lorsque toutes les plaines sont inondées.

Plaines inondées

La zone estuarienne

Dans cette zone, les peuplements des écosystèmes sont sous l’influence permanente des marées.

On distingue parmi les écosystèmes de la zone estuarienne : les mangroves et la dune côtière.

La dune côtière

Elle constitue un lieu de vie pour la majeure partie des villages avec plus de 20 localités (villages d’éleveurs et de pêcheurs mais aussi de commerçants) et présente une importante diversité floristique. C’est aussi un site de refuge des phacochères et un abri pour des espèces d’oiseaux menacées.

Dans le secteur adlittoral (partie de la dune la plus proche du bord de mer) les dunes vives et blanches ne sont que partiellement colonisées par quelques herbacées.

Dans le secteur paralittoral (partie de la dune la plus en retrait) les dunes semi-fixées sont caractérisées par une steppe herbacée à Aristida longiflora et Hyparrhenia dissoluta. Les creux abrités sont peuplés de Maytenus senegalensis, Parinari macrophylla et Chrysobalanus orbicularis.

Dûne côtière
Nidification dans les mangroves

Les mangroves

Elles sont occupées par les palétuviers, la partie basse par le palétuvier rouge (Rhizophora racemosa) et la partie haute par le palétuvier blanc (Avicennia germinans). Le delta étant proche de la limite septentrionale des palétuviers, les individus sont de petite taille et sont soumis à des pressions anthropiques et animales fortes.

Interface entre le milieu marin et terrestre, la mangrove joue un rôle écologique et économique de premier ordre dans la zone du Parc. Elle assure de multiples fonctions écologiques et socio-économiques notamment dans la conservation de la biodiversité.

La mangrove est aussi un maillon essentiel du parcours des oiseaux migrateurs. Elle abrite une variété importante d’espèces animales dont des espèces halieutiques marines inféodées au milieu estuarien et constitue un habitat pour la faune terrestre telle que le crocodile de Nil, le renard pâle, le python de Séba et la faune aérienne telle que l’oie d’Egypte, l’aigrette garzette. Elle est aussi une importante zone de frayères pour les crevettes, les crabes et les poissons.

C’est aussi une zone de pâturage aux vertus thérapeutiques et socio-économiques importantes. L’exploitation des feuilles et de l’écorce de mangrove entre dans la fabrication de teinture et dans le traitement de certaines maladies et maux de dents.